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Huit Français sur dix favorables au cannabis thérapeutique

Une étude de Terra Nova montre l’intérêt pour l’usage médical du chanvre. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a reconnu un « retard » de la France sur le sujet.

Par  et

Publié le 11 juin 2018 à 10h54, modifié le 11 juin 2018 à 11h18

Temps de Lecture 3 min.

Pour ou contre ? Le sujet est complexe, mais les Français sont unanimes : selon une Ă©tude IFOP pour Terra Nova et Echo citoyen publiĂ©e lundi 11 juin, ils sont 82 % Ă  se dĂ©clarer favorables Ă  l’autorisation du cannabis Ă  usage mĂ©dical encadrĂ© (sur ordonnance), contre une courte majoritĂ© (51 %) en faveur d’une rĂ©gulation du cannabis rĂ©crĂ©atif. Ils sont aussi 73 % Ă  estimer que l’Etat devrait financer la recherche sur ses usages thĂ©rapeutiques.

Hasard du calendrier, la question a Ă©tĂ© posĂ©e du 15 au 18 mai Ă  un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de 2 005 personnes de 18 ans et plus, soit quelques jours avant que la ministre de la santĂ©, Agnès Buzyn, ne tienne des propos très remarquĂ©s sur France Inter : « C’est peut-ĂŞtre un retard que la France a pris quant Ă  la recherche et au dĂ©veloppement du cannabis mĂ©dical Â», a indiquĂ© l’ancienne prĂ©sidente de l’Institut national du cancer. Elle a demandĂ© aux institutions qui Ă©valuent les mĂ©dicaments de lui faire remonter l’état des connaissances, « parce qu’il n’y a aucune raison d’exclure, sous prĂ©texte que c’est du cannabis, une molĂ©cule qui peut ĂŞtre intĂ©ressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes Â».

Le cannabis mĂ©dical « pourrait Â» donc arriver en France. En Europe, dix-sept pays ont ou sont en train de l’autoriser. La position française est pour l’heure difficile Ă  suivre. En 2013, au mĂŞme poste, Marisol Touraine avait fait un premier pas en autorisant la commercialisation de mĂ©dicaments Ă  base de cannabis. En 2014, une autorisation de mise sur le marchĂ© avait Ă©tĂ© accordĂ©e au Sativex, destinĂ© Ă  soulager les malades atteints de sclĂ©rose en plaques.

Quatre ans plus tard, ce spray contenant du tĂ©trahydrocannabinol (THC, psychoactif) et du cannabidiol (CBD) n’est toujours pas commercialisĂ©, en raison d’un dĂ©saccord sur son prix – et d’un manque de volontĂ© politique, disent certains. Le laboratoire espagnol Almirall en demande 240 euros par boĂ®te mais le ComitĂ© Ă©conomique des produits de santĂ©, qui nĂ©gocie le prix, souhaite plafonner les ventes pour Ă©viter l’envol des dĂ©penses pour la « SĂ©cu Â». « Avec l’enveloppe qui nous est proposĂ©e, nous serions payĂ© pour les 350 premiers patients, et nous financerions chaque patient supplĂ©mentaire Â», s’agace Christophe Vandeputte, directeur d’Almirall en France, qui estime la population cible Ă  2 000 malades.

Résultat, les patients peuvent juste aller l’acheter à l’étranger. D’autres médicaments, le Marinol (contre les vomissements en chimiothérapie) et l’Epidiolex (épilepsie), disposent d’une autorisation temporaire d’utilisation, qui s’obtient difficilement – seule une centaine de malades l’ont. D’autres Français, atteints de pathologies plus ou moins lourdes, vont se fournir en Suisse ou ailleurs en herbe moins dosée en THC, ou achètent du cannabis classique, au risque de poursuites.

« On attend des actes »

En avril, le dĂ©putĂ© (LRM) Olivier VĂ©ran a organisĂ© des auditions Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Selon lui, « ce qui manque, c’est une Ă©tude Ă  grande Ă©chelle sur l’usage non spĂ©cifique Ă  une maladie Â». Ce neurologue est favorable Ă  l’autorisation d’un « accès compassionnel Â». Les associations voient donc des signes, mais pas bien plus. « Mme Buzyn ne fait que rĂ©pĂ©ter ce qu’avait dit Marisol Touraine Â», estime Fabienne Lopez, prĂ©sidente de Principes actifs, qui s’inquiète de l’emploi par la ministre du terme « molĂ©cule Â» – le dĂ©veloppement de mĂ©dicaments prend du temps –, mais aussi de l’essor des produits au CBD, « qui brouille nos messages Â» – l’usage Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique nĂ©cessite aussi du THC.

SollicitĂ© depuis fin mai par Le Monde, le ministère n’a apportĂ© aucun Ă©claircissement quant aux dĂ©clarations de Mme Buzyn. « Nous avons saluĂ© cette dĂ©claration, mais on attend des actes Â», lâche Bertrand Rambaud, pour l’Union francophone pour les cannabinoĂŻdes en mĂ©decine. « Il faut un statut d’usager thĂ©rapeutique Â», a-t-il rĂ©clamĂ© en introduction d’un colloque organisĂ© par son association, le 1er juin, Ă  Paris. Dans un amphi rempli Ă  craquer, il y avait lĂ  250 patients, associatifs, mĂ©decins… et mĂŞme des entrepreneurs, tel ce jeune « start-upeur Â» qui vient de revendre ses parts dans une sociĂ©tĂ© d’impression 3D et veut investir dans l’« or vert Â», mais « plutĂ´t Ă  l’étranger puisque nous ne pouvons pas en France Â».

D’aucuns se mettent aujourd’hui à espérer que le quinquennat Macron, après avoir durci la répression en instaurant des amendes pour détention de cannabis, se laisse séduire par ses vertus thérapeutiques (et ses débouchés économiques).

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