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Légalisation du Cannabis : Une opportunité pour la Tunisie ?

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Le débat sur la légalisation du cannabis a fait couler beaucoup d'encre et sa remise sur la table est loin d'être finie. La dépénalisation du cannabis fut au centre des discussions politiques, sociales ainsi que des promesses électorales. Entre retombées économiques et bienfaits thérapeutiques, les opportunités se veulent nombreuses et conséquentes. Quelles avantages la légalisation du cannabis peut-elle offrir à la Tunisie ? Enquête.

Facile à justifier. Les taxes puritaines représentent une bouffée d'air pour le déficit budgétaire. Cette contribution imposable est généralement appliquée sur des produits tels que le tabac ou l'alcool. A l'instar de la plupart des pays européens ou encore le Canada, la taxation représente 80% du prix du tabac. L'imposition sur les produits cannabiques peut se faire de la même manière que celle faite sur l'alcool. Le montant des prélèvements se fait en fonction de la concentration d'alcool dans le produit.

Dans le cas où le cannabis serait légalisé, la tarification appliquée sur les différents produits varieront en fonction de leur teneur en tétrahydrocannabinol, communément appelé THC. A noter que le "Haschich", variété la plus consommée en Tunisie, a une teneur de 10% à 30% de THC. Alors que celle de la marijuana oscille entre 0,1% et 25%.

Dans son rapport Silianabis, contraction de Siliana et cannabis, le juriste et militant Kais Ben Halima a étudié le sujet. Il a mis en évidence les avantages économiques de cette décriminalisation dont bénéficiera la région de Siliana. Kais Ben Halima a annoncé une estimation de chiffre d'affaires atteignant les 100 millions d'euros dès la première année. Toujours d'après le même rapport, 3.000 emplois seraient à pourvoir et 100 projets verront le jour.

Au Maroc, un des uniques producteurs de cannabis avec l'Afghanistan et le Liban, la part de la production du cannabis a représenté 23% du PIB en 2017. Toujours est-il que selon certains experts marocains, cette part annoncée du PIB est aberrante. Par ailleurs, selon le site Marijuana Business Daily, les bienfaits de la légalisation du cannabis sur l'économie américaine s'étendra à près de 70 milliards de dollars d'ici 2021. Ce chiffre colossal serait uniquement le fruit de la vente pour la consommation. En somme, cela reviendrait à un accroissement de 241% des recettes fiscales résultant de la taxation.

Le " green market " ne représente pas seulement un marché classique de gré à gré. L'indice boursier du cannabis, créé il y a trois ans, a le vent en poupe. L'évaluation de ce secteur se fait par le biais du The North American Marijuana Index. Quatre mois après son lancement, cet indice a triplé. Pour le Canada, la légalisation annoncée en 2018 a permis l'entrée d'une centaine de "pot stocks", entreprises de cannabis cotées, à la Bourse de Toronto.

Et ce ne sera certainement pas le tourisme qui se plaindra de cette législation. Selon le groupe Kimler, société canadienne de développement des affaires et des investissements, les statistiques des Pays Bas montrent que 25% des touristes, qui choisissent Amsterdam comme lieu de villégiature, visitent les Coffee Shop, lieu où il est possible d'acheter du cannabis tandis que 10% des touristes interrogés affirment que la principale raison de leur visite est la consommation de cannabis.

L'unique document étudiant les prévisions économiques d'une potentielle légalisation du cannabis en Tunisie reste Silianabis. Ce rapport prévoit la venue de 150.000 touristes supplémentaires qui se dirigeront vers la région de Siliana pour alimenter son économie. Il faut également savoir que cette frange touristique n'est pas saisonnière. Les fumeurs réguliers, au nombre de 160 millions selon les Nations Unies, veulent en consommer tout au long de l'année. Des flux constants de touristes sont donc à la portée.

Une liste d'usage qui n'en finit pas

Il est question d'apprécier les usages thérapeutiques et médicinaux de cette plante. Et ces différents usages sont innombrables. Le cannabidiol ou CBD, représente le composé non psychoactif, non enivrant de la plante de cannabis, à l'instar de la THC. Cette molécule est utile pour le traitement des cas de sclérose en plaques, d'atteinte de la moelle épinière ou encore de lésions nerveuses induite par les chimiothérapies.

L'industrie de cette molécule non stupéfiante du cannabis explose. En juin 2018, les Etats-Unis ont approuvé, pour la première fois, la commercialisation d'un médicament à base de cannabidiol contre l'épilepsie. Ce produit miracle représente une ruée vers l'or puisque de grandes chaînes pharmaceutiques telles que CVS et Walgreen ont sauté le pas. Cette industrie pèserait, d'ores et déjà, un milliard de dollars et elle pourrait franchir les 24 milliards d'ici 2023.

La consommation n'est pas propre à une classe sociale, à un niveau scolaire ou même à un âge car chaque individu a un attrait plus fort pour une drogue. Généralement, le gramme de cannabis coûte aux alentours de 50 dinars en Tunisie. Le cannabis n'est pas communément considéré comme un produit de luxe. Cependant, face à une consommation croissante et plus libérée, dans certains pays, des enseignes innovent afin de séduire une clientèle fortunée. Ces marques sont dans l'incapacité juridique de faire de la publicité. Elles misent donc sur la qualité du packaging.

C'est le cas de la société Camndescent, basée à Santa Barbara en Californie. Elle propose un service premium et un packaging couleur orange à la Hermès. Suite à une levée de fonds, cette marque cannabique de luxe a pu récolter 27,5 millions de dollars récemment. L'enseigne américaine de luxe Barneys a également ouvert une boutique spécialisée nommée The High End. Elle vend, entres autres, des étuis pour briquet en argent sterling de la marque Good Art Hlywd à 625 dollars. Il est donc sage de se pencher sur la valeur de ces produits manufacturés et de voir à quels domaines touche la légalisation du cannabis.

Plus encore, le domaine cosmétique exploite les vertus de cette plante. C'est avec ferveur que les marques de soins de la peau et du bien être ont saisi les bienfaits du CBD. Kana, une enseigne sud coréenne de luxe met en avant les propriétés anti-inflammatoires du CBD. Ses produits atteignent les 200 dollars. La même société organise de manière régulière des séances de yoga au cannabis ou encore des brunchs infusés.

Mais on ne peut pas en dire autant de la Tunisie qui mène une chasse aux consommateurs. Une législation prête à broyer des jeunes sous les lourds fers des prisons fédérales pour une simple consommation d'un joint…

Une chasse aux sorcières sans fin

La consommation et la confiscation de cannabis sont en hausse exponentielle depuis une dizaine d'année en Tunisie. En effet, les chiffres du ministère de l'Education révèlent que 25% des collégiens et lycéens consomment du cannabis. Néanmoins, l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, ONUDC, annonce un taux de 45%. Sur la période de 2006 à 2015, le nombre d'individus liés au trafic et à la consommation de drogue a évolué de 200%, passant de 6407 personnes à 9443.

Quant à la population carcérale, le rapport Silianabis s'est amplement penché sur ce sujet. 6.000 Tunisiens se retrouvent incarcérés pour avoir consommé, produit ou vendu du cannabis. Ce nombre représente 25% de la population carcérale. Cette part indique un coût de 220.000 dinars par jour ce qui revient à un montant annuel de 76,6 millions de dinars.

Néanmoins, d'après Human Rights Watch, près d'un tiers des détenus tunisiens ont été condamnés suite à la loi 52 dont 70% d'entre eux sont emprisonnés pour avoir consommé du cannabis. Sans comparaison manichéenne, ces fêtards ou consommateurs réguliers se retrouvent dans la même cellule que n'importe quel autre criminel dans un espace de 2,9 mètres carrés par détenu. Les incarcérés dorment à deux sur un matelas et ont droit à une promenade d'une heure par jour.

La légalisation du cannabis permettrait ainsi de réduire le nombre de prisonniers mais pousserait les dealers à une reconversion professionnelle, faute de rentabilité. Selon Forbes, le prix de gros des 500 grammes de cannabis légal est passé de 2.500 à 1.000 dollars aux Etats-Unis. A Washington, le prix du gramme a dégringolé passant de 25 dollars en 2015 à 6 dollars en l'espace de deux ans.

Nous sommes allés à la rencontre de vendeurs de cannabis en Tunisie. La plupart d'entre eux s'approvisionnent au Maroc et font passer du cannabis par voie intestinale. " Il ne faut pas penser que nous sommes riches. Il faut avoir une assez grosse somme d'argent pour financer le voyage et l'achat de "Tamrat" (pluriel de Tamra. Une métaphore employée pour désigner les boules de cannabis, ndlr) ", nous a confié le premier dealer. "Il faut toujours penser à se ravitailler. Lors des pénuries de "zatla" il faut être prêt à remettre à flot le marché", a-t-il ajouté.

Etant donné que l'entrée d'autres types de cannabis sur le territoire tunisien reste extrêmement compliquée, les "Tamrat" constituent la seconde offre, après le cannabis commercial, la moins chère. Avant la tendance des "Tamrat", le cannabis venant par voie maritime, appelé "Bhar", faisait bien des heureux. Cependant, ce genre de cannabis s'est fait de plus en plus rare.

Notre deuxième interlocuteur s'est exprimé sur les raisons qui le poussent à vendre du cannabis : " Je suis étudiant et je ne peux dépenser que 10 dinars par jour, voir même moins. Je ne suis pas encore employable et je veux profiter de ma jeunesse, sortir et voyager. Je pense que je ne demande pas beaucoup, juste une vie décente. Mais avec ces politiques et cette économie en berne je ne peux pas m'habiller ailleurs qu'à la friperie ".

Selon lui, la pauvreté et les conditions de vie précaires dont souffre la jeunesse tunisienne les poussent à vivre chez leur parent jusqu'à la trentaine. " Je ne veux pas vivre chez ma mère jusqu'à cet âge, donc je deale ".

On ne peut donc pas établir un profil type du dealer actuel puisque l'appauvrissement de la classe moyenne tunisienne et la détérioration de l'enseignement amplifient ce phénomène. Les objectifs de la santé publique n'ont donc pas été atteints et les mafias sans frontières ne cessent de s'enrichir. Faut-il unanimement reconnaître que la pénalisation du cannabis n'a pas pu prévenir la banalisation du cannabis ?

Par Myriem Ben Yahia et Azyz Meddeb

Publié le 17/11/19 20:27

4 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.
surfeur


18/11/19 08:13
c'est l article avec le niveau le plus bas que j'ai lu dans ce magazine et que je consultes tout les jours. c'est vrai qu il y a ici des articles publicitaire qui sont ecris contre de l'argent . mais je crois que ce sujet ne peut être monnayer que par un mafiosi.
Minamina


18/11/19 08:53
heka éli nekesna bch nodkhlo fel hit berrasmi !
elinoja


18/11/19 09:02
Au contraire
Pour les régions intérieures et dans le même style que Amsterdam
Yela me tet7arek tounes El kol
Des hôtels, des restau des caffe shop
Un aéroport
W jawhom iwali 3alami
SofieneAs


19/11/19 10:57
c'est quoi cette masturbation d'esprit? c'est du n'importe quoi...

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